Le tour de la question
Bois-énergie : comment récolter durablement pour la production de plaquettes ?
Raisonner la récolte des menus bois, limiter l’exportation de feuillages, éviter le tassement et l’érosion des sols… Dans un guide récemment paru, l’Ademe donne des conseils pour la récolte durable de bois en vue de la production de plaquettes forestières.
121 TWh. C’était, en 2019, la consommation primaire de biomasse solide pour produire de l’énergie, en très grande majorité (92 %) destinée à la production de chaleur. Qu’elles soient individuelles ou collectives, les chaudières bois sont de plus en plus présentes en France, d’où la nécessité de récolter durablement la ressource première. C’est l’objet du guide publié par l’Ademe fin 2020 et intitulé «.Récolte durable de bois pour la production de plaquettes forestières », qui donne plusieurs pistes.
Préserver la fertilité des sols forestiers
La fertilité chimique des sols forestiers est fragile. Pour la préserver, le guide recommande de préserver la boucle de recyclage des nutriments. Concrètement, cela signifie laisser les feuillages, branches, aiguilles et racines fines se décomposer au sol pour l’alimenter. « La récolte des menus bois peut avoir des conséquences significatives sur la fertilité, particulièrement sur celle des sols les plus pauvres », indique le guide.
Penser à la biodiversité
Ne prélever ni les menus bois, ni les bois morts, ou du moins en espaçant les prélèvements. Ceux-ci hébergent en effet une très grande variété d’animaux, végétaux et micro-organismes. Ainsi, en métropole, selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), 14 000 espèces (champignons, coléoptères, mammifères…) dépendent du bois mort.
Aérer le sol
Accroître la rentabilité de l’exploitation passe souvent par la mécanisation de l’exploitation forestière. Or le tassement par les engins va modifier petit à petit l’intégrité physique du sol et réduire sa fertilité (diminution de la porosité, ralentissement de la circulation de l’eau et de l’air…). L’Ademe insiste donc sur l’importance du maintien d’un couvert végétal pour protéger les sols de l’érosion, rappelant qu’il faut entre cinquante et cent ans pour qu’un sol tassé retrouve des conditions favorables à la croissance de ses arbres.
Réaliser des diagnostics
Pour mettre en œuvre les actions précédentes, l’Ademe conseille de réaliser des diagnostics. Le premier va consister à mesurer la sensibilité chimique du sol à l’export de menus bois – avec l’application For-eval par exemple –, par différents points d’observation : le type d’humus, la texture du sol, l’effervescence (présence de carbonate dans le sol), la région écologique et l’enracinement. L’objectif du deuxième diagnostic est d’évaluer la sensibilité du sol au tassement et à l’érosion, via l’humidité, la texture et le pourcentage d’éléments grossiers dans le sol. Le dernier diagnostic vise à évaluer les enjeux pour la biodiversité. Il faut alors vérifier l’existence d’un statut réglementaire de protection et repérer des éléments supports de diversité biologique.
D’autres outils pour aller plus loin
Le guide « Pratic’sols », de l’ONF, sur la praticabilité des parcelles forestières.
Le guide « Prosol », de l’ONF, pour une exploitation forestière respectueuse des sols et de la forêt.
En chiffres
2,7 millions de m³ de bois ont été récoltés en 2019 pour la production de plaquettes forestières.
En 2019, la biomasse représente 36 % des énergies renouvelables produites en France, c’est-à-dire 4 % de la consommation d’énergie primaire totale.