Retour d'expérience
BioGNV : la première station-service sur une ferme
Mi-novembre, Philippe Collin, agriculteur en Haute-Marne, a installé la première station bioGNV sur son exploitation, où il avait créé une unité de méthanisation en 2010.
Philippe Collin, agriculteur à Colombey-lès-Choiseul (Haute-Marne) sur 300 hectares bio avec un élevage de bovins viande, vient d’installer sur son exploitation une station-service de bioGNV (gaz naturel véhicule). Ce carburant est directement issu de son unité de méthanisation – qui produit 350 kW électriques par cogénération du biogaz – et ne passe donc pas par le réseau : c’est cela qui est unique en France.
« Nous avions une légère surproduction d’électricité avec notre méthaniseur que nous voulions valoriser, explique Philippe Collin. Nous avons donc ouvert en 2016 avec notre partenaire Prodéval, un fabricant drômois, et l’aide de l’Ademe, une unité pilote de micro-épuration de biogaz pour produire un peu moins de 10 000 kg/an de bioGNV. Elle alimentait la voiture dans laquelle nous avions investi puis celle de notre salarié, ainsi qu’un minibus utilisé par un transporteur local pour le ramassage scolaire. »
Essai transformé
On peut dire que l’expérience est réussie puisque depuis la mi-novembre 2019, une deuxième station a vu le jour, toujours avec Prodéval. Elle peut produire cette fois 60 000 kg/an de bioGNV et permet un chargement rapide, de quoi alimenter les deux voitures (2 000 kg/an pour les deux), le minibus (3 000 kg/an), un camion de collecte de lait (30 000 kg/an) et une vingtaine de nouveaux véhicules légers. Philippe Collin note un intérêt de plus en plus grand pour ce type de carburant vert et économique de la part de clients potentiels. « Nous allons investir dans un véhicule de courtoisie au bioGNV que nous prêterons, à la demande, à des infirmières, des boulangers ou des particuliers pour qu’ils l’essayent, se rassurent et pourquoi pas pour les convaincre d’investir à leur tour dans un véhicule au bioGNV », glisse l’agriculteur qui ne tarit pas d’éloges sur ce carburant renouvelable.
Des clients locaux
Outre les avantages écologiques (moindres émissions de CO2 et de particules fines), ce carburant est aussi économique. « Nous garantissons le même prix pendant cinq ans », explique Philippe Collin. Aujourd’hui, il est fixé à 1,15 € TTC/kg pour les particuliers, soit 1 €/kg net pour les professionnels du transport pouvant récupérer les taxes, moins cher que le carburant fossile avec une consommation identique, voire minorée par rapport aux véhicules diesel. « Et avec quasiment le même coût d’investissement dans le véhicule qu’un essence, note l’agriculteur, avec la possibilité d’être éligible aux aides pour investir dans des véhicules propres. »
Seul frein à noter, une autonomie de 300 à 500 km avec ce bioGNV comprimé, « un choix écologique par rapport au liquéfié qui nécessite pour se conserver d’être dans un réservoir réfrigéré, sinon il se volatilise, note l’agriculteur. Avec une autonomie moindre qu’avec un carburant fossile, nous devons donc viser des particuliers et entreprises qui se déplacent localement, mais nous devons également développer le maillage des stations-service sur le territoire. »
Pour un investissement de 200 000 € dans cette nouvelle station, l’agriculteur compte sur un retour sur investissement dans six à huit ans.