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Agrivoltaïsme : une charte des bonnes pratiques
La FNSEA, les chambres d’agriculture et EDF Renouvelables ont signé en janvier une charte pour un développement encadré du solaire agricole en assurant la pérennité de l’activité agricole et en protégeant le foncier.
Le 19 janvier 2021, les représentants de la FNSEA, des chambres d’agriculture et d’EDF Renouvelables ont signé une charte des bonnes pratiques pour un développement encadré des projets photovoltaïques au sol. « Nous souhaitons nous inscrire dans l’essor programmé de la transition énergétique, a expliqué Christiane Lambert, présidente du principal syndicat agricole. Pour les agriculteurs, l’agrivoltaïsme représente un complément de revenus mais nous devons réussir le tryptique : produire de l’énergie, tout en assurant la souveraineté alimentaire et en protégeant le foncier. » Pour ce faire, la charte rappelle que les projets sur toitures restent prioritaires. Elle prévoit la mise en place d’un comité de suivi local (opérateur, chambre et syndicats) pour tout nouveau projet, et un passage en CDPENAF (commission départementale de la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers) pour avis. « La complémentarité avec une activité agricole rentable devra être prouvée », précise Sébastien Windsor, président des chambres d’agriculture qui redoutaient déjà en septembre 2020, la multiplication des « démarches anarchiques » d’implantation de panneaux solaires au sol. « Nous serons très attentifs à ce que cette diversification des revenus des agriculteurs n’empiète pas sur la production alimentaire », renchérit la présidente de la FNSEA. « La réversibilité totale de l’installation avec l’utilisation d’ancrages sans béton ou l’engagement de l’opérateur d’enlever les ancrages béton en fin d’exploitation et la remise en état des terrains après démantèlement » sont également requis.
EDF vise 30 % de part de marché
Concernant EDF Renouvelables, l’entreprise souhaite « être l’acteur principal de l’agrivoltaïsme en visant 30 % de part de marché d’ici à 2035 », indique Bruno Bensasson, le PDG. « Mais même si EDF Renouvelables est le seul opérateur signataire de la charte, en raison de nos échanges de longue date avec la FNSEA, il n’y a pas d’exclusivité et tous les acteurs peuvent s’y référer. » Pour rappel, 13 % de la production solaire nationale provient du secteur agricole. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit un objectif de 35 à 44 GW pour 2028, contre 10 GW de puissance installée aujourd’hui.
« Une partie de la valeur ajoutée doit revenir aux agriculteurs »
Pour l’Association des agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés (Apepha), cette charte est « nettement insuffisante ». « Au-delà des recommandations pour faire cohabiter agriculture et photovoltaïque, l’Apepha réclame que les agriculteurs puissent rentrer dans le capital de ces projets afin d’y exercer un contrôle et récupérer une partie significative de la valeur ajoutée permise par ces projets ». Pascal Chaussec, son président, propose de créer un fonds d’investissement porté majoritairement par des agriculteurs, mais aussi des collectivités et des particuliers.