Le tour de la question
Agrivoltaïsme : quelles contraintes sur les pratiques agricoles ?
L’agrivoltaïsme impose-t-il des contraintes concernant le choix des productions, des engins agricoles ou des types de matériels utilisés ? Explications.
Devant le développement de l’agrivoltaïsme, certains agriculteurs se demandent si cette technologie est compatible avec toutes les cultures (vigne, arbres fruitiers, grandes cultures…) et tous les engins agricoles (enjambeur, moissonneuse-batteuse, ensileuse, matériels de travail du sol ou d’irrigation…). Pour Alexandre Bardet, président de la Fédération française des producteurs agrivoltaïques (FFPA), « la structure et la technologie photovoltaïque doivent s’adapter à la production agricole. Toutes les solutions existent, le développeur est à l’écoute des besoins spécifiques. Avec, par exemple, un système de trackers, qui suivent le soleil, positionnés en ligne, il est possible de mettre les panneaux à la verticale pour laisser circuler les engins agricoles. »
Chaque développeur propose une ou plusieurs technologies qui évoluent selon les demandes du terrain. Pour Sylvain Mouche, chef de projet chez Green Lighthouse Développement (GLHD), « l’agrivoltaïsme doit être une composante de l’assolement. La technologie doit s’adapter au projet agricole qui est à chaque fois différent, mais l’inverse est aussi vrai. Le projet agricole peut évoluer selon les gains et coûts proposés par la technologie. » GLHD propose notamment, des structures « simples et robustes qui peuvent se multiplier sur de grandes surfaces ». Elles font environ 3 m de haut et sont placées, en monopieu, en interrang d’une production. Si l’interrang n’est pas assez large pour accueillir les panneaux, les arbres fruitiers ou la vigne doivent être mis en place après les panneaux sur la parcelle. Pour les grandes cultures, des bandes de 4 m accueillent les panneaux tous les 8 m cultivés. « Nous travaillons également sur un projet pilote avec des systèmes de micro-aspersion à 1,70 m ou 2,50 m de hauteur, avec les piquets fixés sur les monopieux, explique Sylvain Mouche. Nous testons aussi une rampe frontale d’irrigation qui passerait au-dessus des panneaux et qui permettrait en même temps de les laver. »
Une canopée pour les grandes cultures et l’élevage
Chez TSE, des panneaux solaires sur trackers installés à 5 m au-dessus d’une parcelle et soutenus par des câbles sont développés. 27 m séparent deux poteaux, ce qui génère une emprise au sol très faible. Ce système, appelé “canopée agricole”, est surtout adapté aux grandes cultures et à l’élevage. « La plupart des engins de grandes cultures passent dessous, sauf certaines ensileuses et moissonneuses*, précise Xavier Guillot, responsable R&D Agronomie chez TSE. En arboriculture, la hauteur peut être juste pour certaines espèces, mais comme en vigne, la structure doit être installée avant la production. Ce système est compatible avec des enrouleurs d’irrigation et nous allons tester en 2023 la fixation de sprinklers sur la structure de la canopée. En arboriculture, nous allons également tester la fixation de filets anti-insectes ou paragrêle à la structure », souligne le responsable R&D Agronomie.
* Dans les rares cas où ensileuses et moissonneuses-batteuses sont trop grandes, soit le projet est abandonné, soit les agriculteurs doivent recourir à des engins plus petits, qui passent sous la canopée, ndlr.