Agrivoltaïsme : les apports d’une vraie concertation

Les seize mois de concertation préalable au projet agrivoltaïque Agri Valdi Vert sur la commune de Valdivienne (Vienne) ont porté ses fruits. Alors que les rencontres avec les riverains vont perdurer jusqu’à l’enquête publique, deux apports principaux résultent de cette concertation : l’évitement de 150 ha (200 ha de projet au lieu de 350 ha) et des propositions paysagères spécifiques.

Calibrage progressif de la surface

Les surfaces du projet ont été réduites de manière progressive. Les agriculteurs et le développeur ont d’abord identifié des parcelles potentielles qu’ils ont passées au tamis de plusieurs critères : contraintes techniques rédhibitoires, statut de la propriété, cohérence foncière… Cette préqualification a poussé les porteurs de projet à exclure 150 ha, et ainsi à soumettre un projet de 350 ha aux études. L’étude d’impact environnemental a révélé la présence de zones humides, de boisements riches en biodiversité et l’existence d’une plante patrimoniale, la nielle des blés. « Préférant pratiquer l’évitement des enjeux plutôt que de les réduire et de les compenser, les porteurs du projet ont encore retiré 60 ha » à enjeux environnementaux, précise l’énergéticien.

Les deux phases consécutives d’information et de participation du public (réunions avec des collectivités, institutions et association locales) ont également identifié une trentaine d’hectares supplémentaires à éviter. Des aménagements spécifiques ont vu le jour à la suite de ces réunions : plantation de haies occultantes pour protéger la vue des riverains et création de quatre corridors pour la faune sauvage (pour faciliter la pratique de la chasse) notamment. Quarante hectares supplémentaires ont été retirés « pour respecter l’état d’esprit du programme paysage intégré au plan local d’urbanisme de la communauté de communes Vienne et Gartempe arrêté en août 2023 », souligne GLHD.

Finalement, au terme de seize mois de concertation, 150 ha ont été évités pour ne retenir que 200 ha environ répartis en douze îlots de 17 ha en moyenne, pour une production totale d’environ 150 GWh d’électricité décarbonée par an (soit la consommation de près de 30 000 foyers).

Insertion paysagère

D’octobre 2022 à janvier 2024, une première séquence de concertation confiée au cabinet spécialisé Systra a permis d’informer riverains, agriculteurs, élus, associations, etc. sur l’agrivoltaïsme en général et le projet en particulier. Dans les contributions recueillies, le sujet de l’insertion paysagère a émergé. Une démarche spécifique a donc été confiée à un collectif composé d’architectes, de paysagistes, d’urbanistes et de facilitatrices au printemps 2023. Une balade exploratoire et des ateliers de co-conception ont réuni une cinquantaine de personnes. Ces dernières ont également assisté à la restitution des esquisses paysagères en janvier 2024. Des chemins de randonnée, des bandes tampons agricoles et la plantation de 3 km de haies paysagères sont ainsi prévus.

Si cette phase de concertation est terminée, les agriculteurs de l’association Agri Valdi Vert et la société GLHD « continuent les échanges avec le territoire, notamment pour ajuster l’emplacement des éléments paysagers et valider la compatibilité du projet avec le futur plan local d’urbanisme qui entrera en vigueur courant 2024 », précisent les porteurs du projet.

Concertation efficace

« Nous avons enrichi collectivement notre projet grâce à la concertation, souligne Simon Bourdin, président de l’association Agri Valdi Vert. Les questions les plus fréquemment posées concernaient logiquement l’évolution sur les paysages et l’impact sur les usages habituels du territoire, l’artificialisation, les équipements techniques, le nombre et le recyclage des panneaux, la viabilité financière, les changements de pratique agricole, la production d’électricité décarbonée… »

« Dans sa grande majorité, le public a compris que le projet Agri Valdi Vert est une réponse crédible à la préservation de l’agriculture. Qu’il s’agit aussi d’un projet en phase avec tous les enjeux qui sont de plus en plus débattus : la protection et la résilience du sol, la bonne gestion des terres agricoles, la complexité de la situation des exploitants qui font face aux aléas climatiques, économiques et, de manière générale aux difficultés de la transition. Sans oublier l’attention que chacun doit porter aujourd’hui au vivant, à la biodiversité, à la dimension culturelle des paysages, pour assurer aux générations futures des perspectives durables. »