Initiatives
Solaire et biomasse : comment Lille veut produire localement de l’énergie renouvelable
La capitale des Hauts-de-France a mis en place un plan de développement des énergies renouvelables, notamment du photovoltaïque et de la biomasse. Explications.
-18 %. C’est la diminution des consommations d’énergie que Lille a réalisée sur son patrimoine depuis 2004. Elle s’est par ailleurs lancée depuis dans une démarche de production locale d’énergies renouvelables, déployée en différents volets. Via un Contrat d’objectif territorial EnR en lien avec l’Ademe et la région Hauts-de-France, une analyse des potentiels EnR thermiques et électriques du patrimoine municipal est aujourd’hui en cours. « Un vaste projet de “ferme solaire” est en cours pour développer la production photovoltaïque. Soixante-neuf sites ont déjà été identifiés comme pouvant potentiellement accueillir des toitures solaires », souligne Audrey Linkenheld, première adjointe à la transition écologique et au développement soutenable. L’objectif est, d’ici à 2026, de couvrir 20 % de la consommation électrique des bâtiments municipaux (5000 MWh). La ville dispose pour le moment de 19 sites équipés – musée d’histoire naturelle, crèche, restaurant scolaire… –, qui couvrent 1,9 % des consommations (481 kWc répartis sur environ 5 800 mètres carrés de panneaux).
Embarquer les habitants
Pour mettre au point de nouveaux modèles économiques visant à la massification de cette production solaire, diverses réflexions sont engagées autour du tiers d’investissement avec les acteurs de la filière, notamment autour de l’autoconsommation collective, dont les règles ont changé fin 2019 (les critères de proximité géographique ont été étendus à 2 km). Au-delà des bâtiments municipaux, l’idée est aussi d’embarquer les habitants dans cette transition. « Cela nécessite un travail de sensibilisation. La Maison de l’habitat durable y répond largement, avec des conseils et ateliers organisés notamment sur les questions de rénovation énergétique, mais aussi des débats sur l’intérêt ou non du photovoltaïque pour une copropriété par exemple », poursuit Audrey Linkenheld. Lille a d’ailleurs mis en place des primes spécifiques photovoltaïque pour une installation chez un particulier (1,20 € par watt-crête installé, plafonné à 500 € par opération). C’est toujours dans cette logique de travail autour des modèles économiques que la ville est devenue sociétaire de l’association Solis, qui vise à développer les centrales citoyennes sur le territoire.
« Autoroute de la chaleur »
Côté biomasse, la métropole de Lille aménage une « autoroute de la chaleur », qui devrait être mise en service dans son intégralité d’ici quelques mois. Le projet consiste à créer 20 kilomètres de canalisations pour faire circuler de l’eau chaude provenant de la combustion des déchets ménagers de 90 communes exercée par le Centre de valorisation énergétique des déchets d’Halluin. L’objectif est de valoriser entre 255 et 350 GWh d’énergie par an sous forme de chaleur et de couvrir 65 % des besoins actuels en chaleur de 50 000 logements sur le territoire de la métropole. 50 000 tonnes équivalent CO2 seront ainsi économisées.
En chiffres
Montant des investissements pour le réseau de chaleur : 75 millions d’euros ;
40 millions d’euros pour le réseau de transports et 35 millions d’euros pour l’aménagement des réseaux de distribution de chaleur de Lille et Roubaix (12 millions d’euros de subventions Ademe) ;
Solaire : budget estimé à 4 millions d’euros pour 5 000 MWh de production annuelle.