Initiatives
Saint-Brieuc prépare la mobilité hydrogène vert
À travers le programme H2Vert, l’agglomération de Saint-Brieuc et plusieurs acteurs du territoire planchent sur un large projet d’usine de production d’hydrogène renouvelable. Première étape : identifier les besoins et les sources d’énergie locales.
L’histoire commence à l’automne 2019. Saint-Brieuc Armor agglomération prépare le déploiement d’une ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) dans le cadre de son plan Climat Air-Énergie territorial (PCAET) et échange avec la chambre de commerce et d’industrie sur la pertinence de l’hydrogène vert. « Les préoccupations ont convergé et nous avons décidé d’explorer la faisabilité d’une unité de production d’hydrogène vert sur le territoire », raconte Stéphane Loisnel, chargé de projets économiques structurants pour l’agglomération. D’autres acteurs – le Syndicat départemental des énergies et la Banque des territoires – les rejoignent dans le projet H2Vert. L’ambition ? Positionner le territoire sur cet enjeu majeur et national de la transition énergétique, permettre aux entreprises de profiter de cette ressource et favoriser de nouvelles activités dédiées.
Identifier les besoins
Première étape : identifier précisément les besoins, plus largement que la seule alimentation des bus. Une étude de faisabilité d’une station de production et de distribution est lancée en septembre 2020. Une quarantaine d’entretiens ont été menés avec des entreprises du territoire pour les interroger à ce sujet. « Rapidement, divers usages potentiels ont été distingués en sus des BHNS : industrie, pêche et monde maritime, logistique, transport de marchandises, bennes à ordures ménagères… », poursuit Stéphane Loisnel. Car développer les usages, c’est aussi bien sûr prévoir une installation plus grande, susceptible d’intéresser un fabricant d’électrolyseurs. « Il n’est pas possible de construire un modèle économique uniquement avec les dix BHNS, même si pour les alimenter il faut tout de même produire 230 kg d’hydrogène par jour. Il faut atteindre au moins 430 kg d’hydrogène par jour en termes d’usages pour avoir un effet masse et une baisse des coûts. » Objectif ? Parvenir à un prix légèrement inférieur à 9 euros le kilo à la pompe, proche du prix de l’hydrogène gris, issu du gaz naturel (coûts de distribution inclus).
Démarche de circuit court
L’ambition des élus, dans le cadre de ce projet, est de faire appel à de l’hydrogène 100 % vert, sans passer par des certificats d’origine. « Ils souhaitent s’inscrire dans une démarche de circuit court de l’approvisionnement. Nous avons sur notre territoire un gisement de production d’énergies renouvelables non négligeable, avec notamment des parcs éoliens en fin de contrat, mais aussi des projets de centrales photovoltaïques au sol, qui pourraient alimenter l’électrolyseur », ajoute le chargé de projets. Après l’étude de faisabilité, une autre concernant les impacts sur le fonctionnement des transports briochins est en cours. Les élus devraient décider, à l’issue en avril, s’ils s’engagent dans ce projet. « Il faudrait alors ensuite créer, avec les partenaires, une structure ad hoc dont le montage juridique (société d’économie mixte, société de projets…) n’est pas acté. Puis un appel à manifestation d’intérêt serait lancé auprès des énergéticiens pour travailler sur la réponse la plus pertinente possible pour le territoire, puisque H2Vert sera forcément un catalyseur de développement économique », conclut Stéphane Loisnel.
En chiffres
Il est envisagé l’installation d’un électrolyseur d’une puissance d’1 MW, dont le potentiel théorique d’alimentation pourrait être réalisé par 1 ou 2 parcs éoliens du territoire (plus un travail avec un agrégateur pour consolider ces sources intermittentes).
Investissement : 10 millions d’euros pour les bus (hors subventions) et 5,5 millions d’euros pour l’unité de production-distribution.