Initiatives
Micro-cogénération par gazéification de biomasse
Basée à Nantes, Naoden propose aux industriels et aux collectivités de valoriser certains de leurs déchets via l’installation d’unités modulaires de cogénération pouvant produire de l’électricité et/ou de la chaleur.
Naoden a été créée en 2015 dans le but de répondre aux enjeux de substitution aux hydrocarbures (gaz naturel, propane, fuel lourd, etc.) et de production d’énergie décentralisée. Les solutions de l’entreprise reposent pour cela sur le procédé de gazéification de déchets solides (cellulose, cartons recyclés, biomasse de chaudière, bois, etc.) et des installations sur site (papeterie, station d’épuration, etc.). Une fois l’unité Naoden déployée, la première étape consiste à sécher les intrants dans un réacteur. Ceux-ci sont ensuite brûlés par pyrolyse en cendres contenant 60 % de carbone et du char [résidu solide, ndlr], puis les vapeurs issues de la pyrolyse sont brûlées par oxydation. Le carbone est ensuite converti par réduction en gaz de synthèse riche en monoxyde de carbone et en hydrogène. Un système de filtration haute température permet d’épurer le gaz. « Soit ce gaz de synthèse est ensuite injecté directement dans le process du client, soit il passe par un brûleur afin de répondre à un besoin de production de vapeur. Une unité de cogénération peut aussi le transformer en électricité et en chaleur simultanément. La première solution est toutefois la plus utilisée actuellement par les industriels. Le modèle de micro-cogénération a en effet encore beaucoup de difficultés à rester pertinent économiquement, notamment en raison de tarifs de rachat peu valorisants », explique Jérémy Rault, business developer chez Naoden.
Valoriser les déchets
Modulaires, les solutions Naoden s’adaptent aux besoins de puissance et leur installation est rapide. En outre, elles ne nécessitent pas d’infrastructure réseau particulière et affichent un coût de production de 12 € le MWh de gaz. « Nos modules sont conçus pour être implantés en extérieur, ce qui permet de contenir les frais de génie civil. Leur emprise au sol est également faible (3,6 m2), avec peu d’impact en termes de foncier. Ils sont néanmoins en mesure de traiter 600 tonnes de déchets par an, soit environ 8 000 heures de fonctionnement, idéalement en continu. En outre, les modules produisent du char qui peut trouver des débouchés sur des filières agricoles, de traitement des eaux usées, etc. », précise Jérémy Rault.
De leur côté, les collectivités sont de plus en plus intéressées par cette solution pour valoriser leurs déchets sous forme de chaleur, de gaz ou d’électricité en fonction de leurs besoins (piscine, bâtiment public, etc.). « L’utilisation de notre dispositif de gazéification est dans ce cas tout à fait pertinente car la production des déchets est par définition continue et importante. Ce sont en outre des gisements qui manquent souvent de débouché de valorisation. De nombreux élus envisagent un déploiement in situ et le développement d’une économie circulaire », conclut Jérémy Rault.
3 MW installés
Naoden a mis en service ses premières micro-centrales pour une puissance totale de 3 MW :
- une installation pilote sur le site du syndicat de valorisation et de traitement des déchets Kerval Centre Armor pour tester le traitement des matières premières et les rejets de gaz à effet de serre ;
- l’adossement du procédé de gazéification au projet Prélude (Projet de récupération d’énergie électrique et thermique issue de déchets de bois et d’éoliennes), en Moselle, afin d’alimenter en hydrogène la flotte d’une collectivité ;
- un projet de réhabilitation d’un gazéifieur à Tarnos (Landes) ;
- l’installation d’une unité de gazéification chez un fabricant de briques vendéen dans le but de décarboner sa production.