Stratégie
Les utilitaires polluants bannis du Grand Lyon
Depuis le début de l’année, les véhicules utilitaires Crit’Air 3 et plus sont interdits dans la zone à faibles émissions lyonnaise (ZFE). La Capeb a rencontré, mi-janvier, l’équipe de la Métropole autour de la situation économique des artisans et de leurs difficultés à respecter cette réglementation.
« La Capeb [Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment] et la Métropole sont en phase sur tout », se réjouit Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon chargé des déplacements, de l’intermodalité et de la logistique urbaine. « L’objectif est de réduire la pollution automobile en accompagnant les entreprises dans la transition. 60 000 à 67 000 morts prématurées sont dues à la pollution de l’air dans notre pays chaque année. C’est une question fondamentale que nous ne pouvons repousser », poursuit l’élu écologiste, faisant référence à la demande de la Capeb de reporter de six mois (après un report initial d’un an) l’interdiction des utilitaires Crit’Air 3 après la proscription des Crit’Air 4 et 5.
« Les Crit’Air 3 représentent la moitié du parc des véhicules utilitaires de nos artisans » (classe environnementale des véhicules en fonction de leurs émissions de polluants atmosphériques), explique Stéphane Labrosse, président de la Capeb Rhône et Grand Lyon, rappelant les difficultés économiques (induites par la crise sanitaire) de ce secteur, acteur majeur de la rénovation énergétique des bâtiments, facteur de réduction des émissions polluantes. « Ces petites et très petites entreprises vivent actuellement sous perfusion, grâce aux prêts garantis par l’État, mais leur dette explose. L’investissement est à l’arrêt, faute de confiance en l’avenir : les banques ne prêtent plus. Les chiffres de l’année 2020 vont être négatifs, la pression économique est à son comble… Impossible de changer de véhicule, alors que l’offre d’utilitaires propres est encore limitée et très onéreuse. »
Inflexible, mais souple
« L’offre des constructeurs automobiles évoluera si la réglementation s’applique, affirme Jean-Charles Kohlhaas. Nous allons travailler en concertation avec tous les acteurs concernés, des artisans du bâtiment aux constructeurs, en passant par les commerçants, mais aussi les agriculteurs qui vendent leur production en ville, pour trouver des solutions. Des dérogations sont possibles : il ne s’agit pas d’étrangler des entreprises déjà en difficulté. Il faut développer une offre électrique ou GNV [gaz naturel pour véhicule] adaptée. En attendant, la bienveillance est de mise, notamment pour les Crit’Air 3 professionnels entrant dans la ZFE (voir encadré) cette année, mais nous ne pouvons reporter l’échéance, c’est une question de santé publique. »
Certaines dérogations sont permanentes, comme pour les véhicules utilisés par les personnes handicapées. D’autres sont valables pour trois ans (véhicules frigorifiques ou bétonnières, par exemple). Un guichet étudie les demandes individuelles et temporaires (événement, intervention ponctuelle pour un service public, approvisionnement des marchés ou livraison de denrées alimentaires de proximité, etc.).
ZFE, quésaco ?
Paris, le Grand Paris, Lyon et Grenoble, puis Aix-Marseille, Montpellier, Nice, Rouen, Strasbourg, Toulon et Toulouse ont instauré des zones à faibles émissions (ZFE) où la circulation des véhicules les plus polluants est limitée et où la prime à la conversion peut bénéficier d’un supplément. Cette instauration est obligatoire depuis le décret 2020-1138 du 16 septembre 2020 relatif au non-respect de manière régulière des normes de la qualité de l’air donnant lieu à une obligation d’instauration d’une zone à faibles émissions mobilité, en application de la loi Mobilités de décembre 2019.