Portrait
Les agents, donneurs d’alerte de la précarité énergétique
Sous l’impulsion de Sébastien Barles, adjoint délégué à la transition écologique, la Ville de Marseille organise, depuis mars, plusieurs ateliers de la Fresque de la précarité énergétique pour sensibiliser, informer et former ses agents.
« Nous travaillons avec l’association Stop à l’exclusion énergétique depuis trois ans, explique Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille délégué à la transition écologique. Nous sommes un des premiers territoires à s’être lancés dans le dispositif des « Territoires zéro exclusion énergétique » qu’elle porte. Il y a à Marseille un enjeu de massification de la rénovation énergétique qui ne peut pas uniquement reposer sur les services de l’habitat : il faut une mobilisation générale. » Dans la deuxième ville de France, comme dans de nombreuses grandes communes, le fonctionnement est en silos : ici l’aide sociale, ailleurs l’accompagnement à la rénovation énergétique, là-bas la lutte contre l’habitat insalubre… Ce qui rend difficile l’interaction et la coopération entre services. « Nous engageons des centaines de milliers d’euros sur la lutte contre la précarité énergétique : qu’en savent les services municipaux de la santé, par exemple ? », questionne ainsi l’élu.
Écouter les cartes
Une solution ? Une soixantaine de cartes, une demi-journée d’atelier collaboratif pour une dizaine d’agents : c’est la « Fresque de la précarité énergétique ». Jeu de société et carte mentale, la Fresque permet de découvrir, explorer, ressentir les enjeux de la précarité énergétique à travers plusieurs mises en situation, puis d’imaginer et expérimenter des solutions. Chaque atelier réunit des profils issus de services divers, de l’habitat à la santé en passant par le social ou l’urbanisme, confrontés les uns aux autres, mais aussi à des intervenants extérieurs venus de l’Agence régionale de santé, de France Rénov’ ou d’agences d’architectes. « Ces dix personnes échangent, cherchent à se comprendre, coopèrent pour trouver des solutions », apprécie Christophe Sogliuzzo, chargé de mission à la Direction générale adjointe Ville de Demain, qui a participé à deux reprises à une Fresque. « Le joueur est immergé et ressort transformé par ces mises en situation et ces échanges, effectués sous une forme ludique et propice à la mémorisation des informations qui nous ont été fournies ». Autant d’échanges qui ne manqueront pas d’influencer les pratiques, puisque la Mairie a pour ambition d’offrir ces moments ludiques et formateurs à tous les agents concernés, de près ou de loin par ces enjeux.
Car la précarité énergétique touche aujourd’hui 12 millions de personnes en France : mal ou pas chauffées, pour des raisons financières et souvent en raison de la mauvaise isolation de leur logement, elles sont également mal protégées contre la chaleur en été. Les cinq millions de passoires énergétiques en France entraînent de lourdes conséquences : une consommation d’énergie excessive, des conditions de vie insalubres, des risques liés aux équipements vétustes, des problèmes de santé, d’échec scolaire, mais aussi d’isolement social. Autant de coûts économiques et sociaux pour la collectivité : France Stratégie estimait en 2022 à 7 500 euros par an le surcoût lié aux affections provoquées par les basses températures dans un logement inefficace énergétiquement. « Pour repérer les besoins, accompagner les projets de rénovation, prêter une oreille attentive, donner un conseil avisé, alerter, aider, orienter, conseiller… une multitude de personnes peuvent agir : l’assistant social, l’aide à domicile, le bénévole associatif, l’électricien, le salarié de la CAF, le fournisseur d’énergie, l’élu, l’urbaniste, le secrétaire de mairie, le médecin de famille, le syndic de copropriété ou le voisin », estime Gilles Berhault, directeur de Stop à l’exclusion énergétique.
En savoir plus : https://www.fresquedelaprecariteenergetique.org