Stratégie
Le Morbihan lutte contre la précarité énergétique
Depuis 2017, le département propose un dispositif d’accompagnement très particulier pour améliorer le confort des logements des ménages en grande précarité énergétique. Pour cela, il collabore avec diverses structures du territoire.
Le constat est simple. Dans le Morbihan, il y a trois ans, divers dispositifs existaient pour accompagner les ménages aux faibles ressources, via notamment les aides de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), dans des travaux de rénovation énergétique. «.Malgré tout, on s’est rendu compte que de nombreux foyers fragiles étaient laissés de côté puisque dans l’incapacité de financer un reste à charge, même peu élevé, de travaux d’envergure », explique Sandrine Baudard, cheffe de projet Habitat, précarité et autonomie au département du Morbihan.
La collectivité lance alors le dispositif Morbihan solidarité énergie pour toucher ce public. Le département diffuse alors une fiche de repérage auprès de 500 professionnels des secteurs du logement, de la santé et du social, tels des travailleurs sociaux, des centres communaux d’action sociale, des services de tutelle, des aides à domicile… « C’est une approche sociale, et non de performance énergétique pure. Il faut essayer de comprendre la nature et la raison des impayés de factures d’énergie – est-ce ponctuel ? Structurel… ? – et trouver une solution adaptée à la réalité de chacun », poursuit Sandrine Baudard. L’objectif est que les partenaires, si les ménages donnent leur accord, fassent remonter ces fiches, qui donnent un premier aperçu des soucis rencontrés, à un guichet unique géré par l’Adil 56.
Visite et orientations
Ensuite, une visite est proposée aux ménages – propriétaires occupants ou locataires des parcs public ou privé. « Elle dure entre 2 et 3 heures et va balayer divers sujets : un constat sur le logement en tant que tel (est-il dégradé ? Indécent ?), une analyse poussée des factures d’énergie (sur ou sous-consommation ? Quel type d’énergie ? Quel abonnement…), un point sur la situation du ménage, via ses ressources notamment et des préconisations », détaille Sandrine Baudard.
Elles sont d’abord l’occasion d’installer gratuitement – pour une valeur de 50 euros – des petits équipements (led, stop douche, rideaux thermiques, multiprises…) visant à faire des économies et améliorer le confort du logement. « Puis selon les situations, les ménages vont être orientés soit vers une médiation avec le bailleur quand il y a un souci pour faciliter les travaux de rénovation, soit vers un accompagnement sociotechnique, soit vers le fonds travaux. » L’accompagnement sociotechnique, qui est proposé aux personnes les plus fragiles et qui ont parfois peur d’engager des travaux, va permettre la mise en œuvre des préconisations formulées via un suivi très personnel d’environ quatre visites. Le fonds travaux, pour lequel les propriétaires bailleurs sont contactés, est un outil incitatif qui a pour objectif d’enclencher la réalisation de travaux d’amélioration (entretien de la chaudière, changement de la porte d’entrée…) ou de mise en conformité. Ils sont financés dans le cadre des programmes nationaux (Ma Prime Renov, Habiter Mieux…) et départementaux. « On monte des dossiers atypiques de financements, via la recherche de différentes aides, les caisses de retraite par exemple, pour que la quasi-totalité des travaux puisse être subventionnée », conclut Sandrine Baudard.
En chiffres
Depuis septembre 2017, 1 285 repérages et 1 089 visites ont été effectués. Parmi les ménages rencontrés, 25.% étaient propriétaires occupants, 27.% locataires du parc social et 48.% locataires du parc privé.
Le chiffre du nombre de ménages sortis de la précarité énergétique n’est pas encore disponible.
Budget sur trois ans pour le département : 1,266 million d’euros.
Le dispositif est reconduit sur la période 2021-2023 avec le même budget et l’objectif de visiter 1 600 ménages.