Spécial Energaïa
Le maire de Banyuls-dels-Aspres se bat pour les énergies renouvelables
Laurent Bernardy soutient deux projets de centrales photovoltaïques et un de parc éolien, sans perdre de vue l’intérêt de sa commune.
Maire de Banyuls-dels-Aspres dans les Pyrénées-Orientales (1 300 habitants), Laurent Bernardy ne se revendique pas “écolo” mais “pragmatique”. Cet architecte de 45 ans voit dans les énergies renouvelables deux avantages. D’une part un gain économique pour sa commune : « L’écologie n’est pas verte ou de gauche. Je suis plutôt à droite mais je regarde la pérennité de mon village. La DGF [dotation globale de fonctionnement] est toujours en baisse. Il nous faut trouver des ressources pérennes ou augmenter les impôts locaux », prévient-il. Et d’autre part une contribution à la transition énergétique. « Tout le monde est favorable aux énergies renouvelables, mais chez les autres. Ce n’est pas ma façon de voir. » Dans sa lettre d’information de juillet-août 2019, dédiée aux retombées économiques des trois projets soutenus par Banyuls-dels-Aspres, le maire insiste sur le réchauffement climatique, rappelant que la région a dû subir « les canicules successives dès le mois de juin et l’amenuisement de la fréquence des pluies et de la ressource en eau ».
Finaliser un projet photovoltaïque
La mairie soutient deux projets de centrales photovoltaïques et un de parc éolien. Elle s’implique aux côtés des développeurs pour que ces installations voient le jour dans des conditions favorables pour la commune. Le projet solaire du Mas d’en Ramis, porté par le groupe RES, était dans les cartons du maire précédent depuis 2011. « Dès notre arrivée en mars 2014, je me suis rapproché de la sous-préfecture pour le finaliser. Il fallait que la mairie soit propriétaire du site, des terrains incultivables en bordure d’autoroute. On a mis 5 ans pour discuter le prix, les surfaces, et racheter 9 ha aux ASF (Vinci Autoroutes) », relate Laurent Bernardy. Et même si le permis, obtenu début 2019, fait l’objet d’un recours d’une commune voisine, le maire garde bon espoir.
Réduire l’échelle de deux projets pour les faire accepter
Pour la seconde centrale photovoltaïque, la mairie a acquis des terres agricoles en friche. Le développeur, Engie Green, étudiait 32 hectares. « Je leur ai demandé de réduire l’échelle, de ne pas détériorer le site et de prendre en compte la covisibilité avec le village. On a abouti à un projet de 13 hectares avec 6 petits parcs qui respectent les talus, les chemins, l’orientation des terrains, le tout sans terrassement », se réjouit Laurent Bernardy. Sur le reste de la surface, son idée est de « faire revenir l’agriculture ». Il a réuni un berger, des producteurs de plantes aromatiques et d’amandes, un viticulteur. Engie Green va les aider à s’installer, par la mise à disposition de foncier et des aides financières directes. Le permis de construire est en cours d’instruction. Mais face aux réticences de l’administration, l’élu local a demandé un rendez-vous au préfet du département. Accompagné des porteurs de projet, il a plaidé sa cause en présence de la DDTM (direction départementale des territoires et de la mer).
Engie Green, qui développe aussi le parc éolien entre Banyuls-dels-Aspres et Brouilla, a dû là encore réduire la voilure à la demande de la mairie. Au lieu de quatre éoliennes, l’opérateur n’en prévoit plus que trois sur la commune de Laurent Bernardy (et trois sur Brouilla). Le maire voulait aussi que leur hauteur soit limitée, et que la première machine soit à plus de 900 m du village, au lieu de 500 m. Il a eu gain de cause. Le permis sera déposé en 2020, « après les élections ». Laurent Bernardy a prévu de se représenter.
Intervenant sur Energaïa « LE CO-DÉVELOPPEMENT DES PROJETS D’ÉNERGIE RENOUVELABLE » (Jeudi 12 decembre / 11.30 – 13.00 / Salle C).