Décryptage
Le co-investissement solaire
Dans les Hautes-Pyrénées, cinq projets photovoltaïques sont le fruit d’un co-investissement entre le syndicat départemental d’énergie et l’entreprise Urbasolar. En quoi consiste ce partenariat public-privé ?
D’ici deux ou trois ans, le Syndicat départemental d’énergie des Hautes-Pyrénées (SDE 65) devrait être codétenteur de 22,7 MW de projets solaires, à travers la SEM Ha-Py énergies dont il est l’actionnaire majoritaire. L’accord passé avec le spécialiste du photovoltaïque Urbasolar porte sur deux ombrières de parking, deux centrales au sol et une installation sur toiture. « Il s’agit de notre premier partenariat avec un acteur privé, dans le but d’augmenter nos capacités d’investissement. Pour construire une centrale photovoltaïque, l’apport de fonds propres est d’environ 20 % du coût des travaux. En partageant cet investissement, cela nous permet de développer plus de projets d’énergies renouvelables sur le territoire », explique Bruno Rouch, directeur du SDE 65. Chaque centrale est portée par une société de projet, dont Urbasolar et la SEM Ha-Py énergies se partagent les parts.
Cinq projets en cours
Pour quatre d’entre elles, la répartition est de 51 % pour Urbasolar et de 49 % pour le SDE 65. Une centrale de 1,4 MW est en cours d’installation sur la vaste toiture du marché aux bestiaux de Rabastens-de-Bigorre. « Cela représente 1,5 M€ HT de travaux. La SEM apportera 150 000 €. La société de projet paiera un loyer pour la toiture à la commune, en tenant compte de la rentabilité de l’investissement », indique Bruno Rouch. Toujours à Rabastens-de-Bigorre, une ombrière de 2,1 MW est en construction sur un parking également loué à la commune. Son coût est estimé à 3 M€. Une seconde ombrière de 2,2 MW sera édifiée cet été à Orleix, sur un parking de la commune utilisé par un centre commercial Leclerc. Les travaux approchent 3 M€. Là aussi, la SEM rétribue la collectivité propriétaire. « La commune d’Orleix a choisi de recevoir toute la somme des loyers en une seule fois afin de financer la réfection complète du parking », raconte Bruno Rouch. À Bours, une centrale au sol de 4,5 MW est programmée sur une ancienne gravière. Le chantier débutera en 2022, pour un coût de 4,8 M€. Ces quatre projets sont lauréats des appels d’offres de la CRE. Ils bénéficient donc d’un prix d’achat garanti sur les futures ventes d’électricité. Le cinquième projet n’a pas encore son permis de construire. Il s’agit d’une centrale au sol d’environ 12,5 MW à cheval sur deux villages, Oroix et Pintac. Les sommes à engager étant plus conséquentes (10 M€), Urbasolar financera toujours 51 % des travaux mais la SEM Ha-Py énergies réduira sa participation. La différence sera couverte par les deux communes ainsi que par du financement participatif. Pour les cinq centrales, la SEM vise « un taux de rentabilité interne d’au moins 5 %. Les bénéfices serviront à porter d’autres projets d’énergies renouvelables », confie Bruno Rouch.
Les avantages d’une présence publique
La société d’économie mixte Ha-Py énergies a pour mission d’investir dans des projets de production d’énergies renouvelables dans les Hautes-Pyrénées. Créée en 2020, elle est détenue majoritairement par le SDE 65, aux côtés du Département et d’une filiale du Crédit agricole. Son capital social de 1,1 M€, sera porté à 2,5 M€ d’ici la fin de l’année avec l’entrée de nouveaux actionnaires. Elle intervient soit en propre, comme pour de petites toitures photovoltaïques, soit avec des partenaires. « Il n’y a aucune exclusivité avec Urbasolar. Pour de prochains projets avec d’autres partenaires, on envisage d’avoir une participation plus faible, par exemple de 10 à 20 %. L’objectif est d’être présent et d’avoir des dividendes sans apporter autant de financement », explique Bruno Rouch, directeur du SDE 65. La présence d’un acteur public rassure les différents acteurs : investisseurs, banquiers, collectivités, riverains, administration. Autre avantage de la participation de la SEM dans les centrales solaires : lorsque 40 % du capital de chaque société de projet est détenu par au moins une collectivité territoriale, le prix proposé par les candidats lauréats aux appels d’offres de la CRE, est complété par un bonus de 3 € par MWh. Ce qui est le cas ici.