Décryptage
Le biogaz : une filière créatrice d’emplois
Affichant un fort potentiel en matière de développement, la filière biogaz pourrait créer jusqu’à 53 000 emplois en France d’ici 2030.
Si la filière biogaz accuse un certain retard et reste dépendante des aides qui lui sont accordées, les objectifs fixés par la Loi de transition énergétique pour la croissance verte (10 % de la consommation de gaz renouvelable en 2030) incitent ses acteurs à déployer un réseau plus dense et plus efficace. Selon une étude commandée par GRDF, cela devrait se traduire par des créations d’emplois significatives : entre 17 000 et 53 000 à l’horizon 2030.
Trois scénarios de développement
Dirigée par le cabinet Transitions, en partenariat avec un bureau spécialisé dans les questions économiques, l’étude a été réalisée avec Tete (Transition écologique territoire emploi), un outil de modélisation des créations d’emploi liées à la transition énergétique. « Nous avons analysé la situation actuelle, les prévisions de développement des différents modèles de méthanisation, les attentes des acteurs et leurs craintes, dans le but de concevoir des scénarios les plus réalistes possibles et de vérifier les résultats en termes d’emplois. Toute la chaine de valeur est concernée : étude et maitrise d’oeuvre, génie civil et voirie, fabrication et pose des équipements, accompagnement pour la mise en service, gestion des intrants, exploitation et maintenance des installations », explique Bruno Rebelle, directeur général de Transitions. Trois scénarios ont ainsi été définis : un premier prenant en compte un plafonnement des aides au développement (avec une baisse de 30% des mécanismes de soutien d’ici 2023) ; un scénario dit « raisonnable » de développement de la filière (avec un adoucissement de la trajectoire de baisse des tarifs d’achat) ; et enfin un scénario dit « accéléré », offrant le maximum de potentiel de développement (avec une faible baisse des mécanismes de soutien).
Certaines régions mieux dotées
Pilotée par l’ensemble des acteurs de la filière, l’étude (dont les premiers résultats ont été dévoilés en 2019) affiche des perspectives prometteuses. Si le premier scénario permettrait de créer 17 500 emplois, ce chiffre s’élève à 32 500 avec le scénario intermédiaire et même 52 800 avec le scénario « accéléré ». Outre des emplois à forte valeur ajoutée (pour la conception, l’installation, etc), de nombreux emplois non qualifiés devraient ainsi voir le jour (entre 2 500 et 2 800 postes liés à l’exploitation et à la maintenance par exemple). Localement, les créations d’emplois concernent essentiellement la gestion des intrants (production, collecte, etc).
Par ailleurs, l’étude révèle une répartition géographique différenciée en matière de développement. « Les régions Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Auvergne-Rhône-Alpes pourraient tirer leur épingle du jeu grâce à des gisements importants. Avec le troisième scénario, la Bretagne, la Normandie, les Hauts-de-France et le Grand Est entrent elles-aussi dans ce panel ». Cependant, d’importants efforts restent à mener au niveau de la formation à ces nouveaux métiers. « Les systèmes de formation actuels ne sont pas du tout adaptés aux enjeux. En outre, beaucoup d’équipementiers ne sont pas français. Il est nécessaire de se poser des questions au sujet de la souveraineté ».