Stratégie
Investir dans une centrale solaire : quels avantages pour les collectivités ?
Trois collectivités ont investi en obligations convertibles dans le projet de centrale photovoltaïque au sol de Mézos dans les Landes.
C’est le producteur d’énergies renouvelables Valorem qui les a contactées. L’entreprise française a convaincu trois collectivités de participer au financement de la future centrale photovoltaïque de Mézos dans les Landes. Elles investiront au total 1,8 M€, répartis entre la SEM Périgord Énergies (1 M€), la commune d’Escource voisine de Mézos (600 000 €) et la SEM Enerlandes (200 000 €). L’objectif pour l’opérateur est de respecter un taux minimum de 40 % d’investissement participatif, hors dette bancaire, et ce jusqu’à trois ans après la date d’achèvement de l’installation. Il s’y est engagé lorsqu’il a soumis son projet à l’appel d’offres de la CRE (Commission de régulation de l’énergie). En échange, il bénéficiera d’une prime à l’énergie de 3 €/MWh, qui s’ajoutera au prix de référence de son offre.
Un risque minime
Les collectivités estiment cette opération avantageuse et peu risquée. « Nous ne sommes pas entrées au capital. Notre apport est sous forme d’obligations convertibles, qui peuvent être converties en actions au bout de la période d’investissement. Mais nous allons récupérer notre mise pour pouvoir initier d’autres projets. » assure Nicolas Lafarie, directeur de la SEM Enerlandes détenue à plus de 70 % par le Département des Landes. Selon la société Valorem, la durée de ces obligations a été fixée à quatre ans et demi à compter de leur émission. « Nous avons analysé le risque et vu que ce projet devrait avoir une rentabilité convenable. Pendant cette période, les obligations convertibles rapportent un taux d’intérêt supérieur à celui proposé par les banques. » indique Daniel Fenaux, directeur général de la SEM 24 Périgord Énergies, dont le Syndicat Départemental d’Énergies de la Dordogne est actionnaire à 70 %.
Le risque serait que les sociétés de projet (Mézos Énergies et Pinvert Énergies) ne soient pas en capacité de racheter les obligations convertibles à la fin de ce délais. « Mais ce risque est minime. On a rarement vu des parcs photovoltaïques au sol se casser la figure. » estime Nicolas Lafarie. Rappelons qu’ils font l’objet d’un contrat de complément de rémunération avec EDF pendant 20 ans.
A la recherche de financements citoyens
Les collectivités renforcent aussi leur image dans le domaine de la transition énergétique. « Cela marque la présence du Département des Landes sur le territoire. Enerlandes a déjà développé et exploite près de 80 centrales solaires sur toiture, soit une puissance cumulée de 5,5 MW. Et nous avons plusieurs projets de participation dans des centrales photovoltaïques au sol ou flottantes. » confie Nicolas Lafarie. De même pour la SEM 24, qui entend porter son action sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine, au-delà de la Dordogne. « Entre 2019 et 2021, la SEM 24 a prévu d’investir 60 M€ dans les énergies renouvelables, en particulier dans le solaire, la méthanisation et l’hydroélectricité » indique Daniel Fenaux.
Mais atteindre 40 % des fonds propres (soit environ 20 % du total d’un investissement de 30 M€) pour une centrale de 34 MW, n’est pas si simple pour le porteur de projet. Il s’agit d’obtenir que près de 2,4 M€ soit « détenu par au moins vingt personnes physiques, une ou plusieurs collectivités territoriales, des groupements de collectivités », selon le cahier des charges de la CRE. En plus des collectivités, Valorem compte donc aller chercher des financements citoyens en lançant un appel public à l’épargne via la plateforme Lendosphere. La collecte sera ouverte aux habitants des Landes et des départements limitrophes.