Portrait
Guillaume Coutey : territoires en transition
Maire de la commune de Malaunay, en Seine-Maritime, Guillaume Coutey (PS) a positionné sa ville comme “laboratoire” de la transition énergétique, et entend démontrer que chaque collectivité, indépendamment de sa taille, peut être exemplaire. Une démarche qui a valu à la ville de nombreux prix, dont le prix Ville durable 2017. Portrait.
À la tête de Malaunay depuis 2012, Guillaume Coutey a coutume de surnommer sa ville “le petit Poucet de la transition énergétique”. « Malaunay était une commune sans identité, fortement marquée par son passé industriel qui, désormais, est identifiée comme un territoire pionnier sur les questions de transition », détaille le maire, élu de la ville depuis 2001.
Des labels pour consolider le projet
La démarche de transition de la ville commence dès 2006, avec la constitution d’un comité écocitoyen rassemblant des élus et des agents municipaux volontaires. Afin de mieux structurer le projet de la ville, Guillaume Coutey inscrit Malaunay dans la course au label européen Cit’ergie, qu’elle obtient en 2015. Il répond également à l’appel à projets “Territoires à énergie positive pour la croissance verte”, lancé en 2014 par la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, et dont Malaunay est lauréate en 2016. « Cela nous a permis de changer de lunettes et d’avoir un prisme à travers lequel passer toutes nos actions », détaille Guillaume Coutey. Le moyen, également, de « montrer que la transition énergétique [n’est] pas que l’affaire des collectivités aux moyens financiers et techniques importants. »
Fort développement des énergies renouvelables
Réhabilitation thermique des bâtiments, gestion différenciée des parcs, flotte municipale fonctionnant à 90 % à l’électricité et au gaz… Les labels obtenus, les actions s’accélèrent. « On a vraiment fait le choix de coller aux engagements pris par la loi de transition énergétique, en développant massivement les énergies renouvelables », commente le maire de Malaunay. 1500 m² de toitures sont ainsi recouverts de tuiles solaires dans le cadre d’un projet d’autoconsommation, mené en partenariat avec Enedis – le premier du genre en France. Deux chaufferies biomasse (bois et granulés) installées l’automne dernier fournissent 60 % de l’énergie consommée par les bâtiments communaux. Elles devront également permettre de chauffer l’air et l’eau de la piscine municipale, dont la réhabilitation vise le 100 % énergies renouvelables. Enfin, la ville s’est distinguée par l’inclusion des bailleurs publics à son projet de transition énergétique. Malaunay a ainsi accueilli en 2015 la première résidence passive en logement social de Seine-Maritime et, en 2017, la première résidence labellisée EFFInergie en logement social de Normandie.
Réorienter les investissements publics
Fort de son expérience, le maire plaide pour une évolution des pratiques, notamment au niveau des investissements dans le bâtiment. « Si les élus ne font pas aujourd’hui des choix courageux, ils risquent d’être confrontés demain à de lourdes factures énergétiques », assure l’élu qui alerte sur le “coût de l’inaction” (cf. encadré). « La transition n’est pas qu’une question d’expert, défend Guillaume Coutey. Tous les engagements pris par la France ne pourront être atteints s’il n’y a pas une mobilisation des territoires au plus près des citoyens. »
Malaunay en chiffres
- Malaunay : 6 000 habitants
- Objectifs 2050 : 100 % d’énergies renouvelables et une division par quatre des émissions de CO2
- Le “coût de l’inaction” selon Guillaume Coutey :
– Facture énergétique en 2006 : 279 000 €
– En 2016 : 209 000 € (avant mise en service des toitures solaires)
– Si rien n’avait été fait : 450 000 €