Décryptage

Goflex, organiser la flexibilité électrique des bâtiments tertiaires

La plateforme en ligne Goflex vise à rapprocher l’offre des gestionnaires de bâtiments publics et privés et la demande de flexibilité de la consommation d’électricité. À la clé, des économies d’énergie possibles, jusqu’à 6 GW par jour.

PAR CLAIRE BAUDIFFIER - JUILLET 2024
La piscine Etienne Gagnaire de Villeurbanne fait partie de bâtiments audités pour le Syndicat de gestion des énergies de la région lyonnaise en vue d’une inscription sur la plateforme Goflex. Sa puissance flexible est évaluée à 115 kW pour une puissance souscrite de 224 kW. © Sigerly

Retour en arrière. Lors de l’hiver 2022-2023, le parc nucléaire français rencontre des difficultés, les risques de coupure de courant sont préoccupants. Le programme Actee de la FNCCR – qui accompagne les collectivités dans la rénovation énergétique en aidant leur passage à l’acte – décide de lancer un appel à projets pour travailler sur la flexibilité électrique des bâtiments tertiaires publics et privés. Le travail s’est poursuivi après l’appel à projets avec certaines collectivités et de nouveaux partenaires (Gimelec, RTE, Ifpeb), aboutissant à la création de l’étiquette « Goflex », le 28 mai 2024.

« Gérer les pics »

« La flexibilité de la consommation d’électricité, c’est la capacité d’un bâtiment à décaler ou moduler sa consommation dans le temps, explique Adam Soussana, référent Eff’Actee+ à la FNCCR. C’est déjà bien connu dans l’industrie, mais beaucoup moins dans le secteur tertiaire. » Mettre en œuvre dès maintenant cette flexibilité est capital. « Dans le cadre de la transition vers un futur bas carbone, on sait qu’il y aura une intégration forte d’énergies renouvelables intermittentes, et que le déploiement des usages décarbonés (pompes à chaleur et véhicules électriques en tête) va se généraliser. Il est donc nécessaire d’apprendre à gérer les pics de consommation et de trouver des solutions pour rendre service au réseau électrique », résume Delphine Eyraud-Galant, déléguée Bâtiment au sein du Gimelec, le groupement des entreprises de la filière électronumérique en France. « La flexibilité de la demande dans l’ensemble des bâtiments tertiaires pourrait représenter au quotidien près de 2 à 3 GW et jusqu’à 6 GW [équivalent à la puissance de 6 réacteurs nucléaires, ndlr] les jours de pointe en hiver selon la Commission de régulation de l’énergie », ajoute Adam Soussana.

Une cinquantaine de collectivités a donc travaillé sur l’effacement énergétique des bâtiments, en recensant les puissances électriques de chacun d’entre eux – la puissance souscrite et les courbes de charge –,  puis en se penchant sur les usages. « Les collectivités se sont posé cette question : chauffage, ventilation, climatisation et eau chaude sanitaire peuvent-ils être modulés et décalés dans le temps ? », précise Adam Soussana. L’étiquette Goflex se décline ainsi en trois indications : une lettre (de A à D) traduisant la classe de pilotabilité du bâtiment, une estimation de la puissance modulable du site, en valeur absolue (kW) et enfin une autre estimation traduisant l’effort du site, en % (puissance modulable rapportée à la puissance souscrite du site).

Deux types de rémunération

Comment les collectivités peuvent-elles tirer profit de cette flexibilité ? « Deux types de rémunération sont possibles, détaille Adam Soussana. L’une avec les fournisseurs d’énergies, structurelle et fixe à l’année, avec des heures creuses et pleines, et l’autre, que l’on nomme dynamique, pour lesquelles les collectivités vont contractualiser avec des agrégateurs. Elles vont indiquer que certains de leurs bâtiments peuvent s’effacer pour un nombre de jours ou d’heures par an. »

Plus de 70 structures (collectivités, agrégateurs) sont aujourd’hui inscrites sur la plateforme Goflex. Morbihan énergies, syndicat départemental d’énergie qui regroupe toutes les communes du territoire, travaille sur le sujet de la flexibilité depuis plusieurs années. « Nous avons ciblé 350 sites pour l’étiquette Goflex, détaille Édouard Cereuil, du pôle transitions de Morbihan énergies. Cet outil est intéressant, car il permet de structurer une méthode pour identifier des capacités de flexibilité. Pour le moment, il n’est pas prévu que nous passions le pas de l’effacement puisque les bâtiments en question n’affichent pas de puissances assez importantes. Mais nous travaillons en revanche déjà sur les grilles tarifaires. Cette flexibilité implicite [nommée plus haut structurelle, ndlr] est plus facile à mettre en œuvre et permet des économies. »

Pour s’inscrire sur la plateforme Goflex, c’est ici.

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