Portrait

En Pays de la Loire, Alisée lance une Amap de l’énergie

L’association Alisée* travaille à mettre en œuvre des boucles d’autoconsommation collective en se positionnant comme personne morale organisatrice pour faciliter le lien entre producteurs et consommateurs. Entretien avec Marion Leblanc, sa chargée de projets énergies citoyennes.

PAR CLAIRE BAUDIFFIER - OCTOBRE 2024
Marion Leblanc, chargée de projets énergies citoyennes d’Alisée. ©DR

Vous avez lancé l’an passé un projet d’Amap de l’énergie, pour lequel vous avez reçu un prix de l’innovation sociale et solidaire de Nantes métropole. De quoi s’agit-il ?

Nous avons bien vu venir et grandir la question de l’autoconsommation collective dans nos discussions avec les acteurs du territoire (porteurs de projets, collectivités…). L’intérêt est grandissant, mais les questions administratives et réglementaires effraient un peu. Pour rappel, pour lancer un projet d’autoconsommation collective, il faut une personne morale organisatrice (PMO). C’est une entité juridique (une association, un producteur d’énergies renouvelables…) qui peut être existante ou bien être constituée spécifiquement pour le projet. Son rôle sera d’assurer la liaison technique et administrative entre Enedis et les participants (producteurs et consommateurs). L’idée est donc de créer cette PMO, qui sera une association, que nous avons nommée pour le moment Amap de l’énergie.

Pourquoi ce parallèle avec une Amap ?

Tout le monde connaît les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) qui sont des intermédiaires entre producteurs et consommateurs. Leur rôle est de faire la répartition des légumes d’un producteur auprès des consommateurs. L’Amap de l’énergie fera donc la répartition de l’énergie produite par un producteur auprès de consommateurs locaux.

Comment cela va-t-il fonctionner concrètement ?

Nous nous sommes mis en relation avec Cowatt, une SAS qui soutient des projets solaires en toiture avec des porteurs citoyens en Pays de la Loire. L’objectif est de travailler avec des toitures solaires de plus de 200 m², pour avoir une production assez conséquente. Cowatt sera donc le producteur de la boucle et les consommateurs seront des particuliers résidant non loin. Deux sites ont pour le moment été identifiés à Nantes. Le premier, sur un habitat partagé, dispose d’une centrale qui produit près de 26 MWh par an [équivalent à la consommation électrique annuelle de 30 personnes, hors chauffage et ECS, ndlr]. C’est moins de 200 m² de panneaux, mais cela permettra de lancer l’expérience. Dans les conditions législatives des boucles d’autoconsommation, les consommateurs doivent se situer dans un périmètre de 2, 10 ou 20 km en fonction de la densité du territoire. À Nantes métropole, c’est 2 km.

Comment allez-vous travailler désormais ?

Nous avons déjà identifié des citoyens intéressés, en l’occurrence une partie des habitants de la copropriété de l’habitat partagé pour le premier projet. Nous allons maintenant travailler sur les contrats : il faut que les parties prenantes se mettent d’accord sur le prix et les conditions de répartition. Début 2025, la boucle pourrait être en marche. Dans tous les cas, les consommateurs doivent être équipés d’un Linky : pour les répartitions, Enedis a besoin d’avoir accès aux données de consommation. Le citoyen aura deux contrats, un avec l’Amap, un autre avec son autre fournisseur historique pour le reste des consommations.

Les tarifs seront-ils intéressants ?

Au début, ils ne seront pas très éloignés de ceux des fournisseurs classiques, car les productions seront modestes. Pour exemple, si je parle en TTC, sur la première opération on serait autour de 0,2243 €/kWh en option base, alors qu’Enercoop est en ce moment à 0,2223 €/kWh et EDF 0,2516 €/kWh. Mais l’objectif ensuite est d’être compétitif, en ayant un prix juste. Nous insistons sur le fait que l’énergie est un bien commun. Nous travaillons en ce sens avec Territoires d’énergie 44, le syndicat départemental de l’énergie, sur diverses thématiques : comment faire en sorte qu’un maximum de personnes accèdent à l’Amap ? Comment travailler avec les collectivités qui voudraient revendre le surplus d’une production propre sur nos boucles d’autoconsommation collective ?

 

* L’association Alisée œuvre depuis 1991 pour la transition énergétique (accompagnement au changement, rénovation, maîtrise de l’énergie, éducation auprès des jeunes, mobilité durable…).

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