Décryptage
En Normandie, des collectivités expérimentent le système de management de l’énergie
Cette démarche, surtout utilisée jusqu’alors par les entreprises, permet de répondre aux objectifs de réduction de la consommation d’énergie et d’améliorer la performance énergétique de manière continue grâce à des diagnostics ou des actions de suivi… Explications.
Le système de management de l’énergie (SME), c’est quoi ?
C’est un outil (ISO 50 001) visant à garantir une démarche la plus efficace possible – via des diagnostics précis de performance énergétique, des actions de suivi… – dans le cadre de la mise en œuvre des actions autour de l’énergie. Jusqu’ici surtout utilisé par des industriels, il est expérimenté par huit collectivités normandes (Malaunay, Le Havre, métropole de Rouen, communauté d’agglomération Seine-Eure…) depuis 2017, via un accompagnement de l’Ademe.
C’est pour qui ?
« Il s’adresse à des collectivités qui déploient déjà des actions en faveur de la transition énergétique. En l’occurrence, celles que l’on suit sont toutes engagées dans la démarche Citergie. Les deux démarches sont complémentaires : Citergie propose une approche très globale (transports, éclairage public, eau…) et le SME met en place un volet spécifique de l’efficacité énergétique dans le patrimoine de la collectivité », développe Eddy Poitrat, ingénieur énergie – effet de serre à l’Ademe Normandie.
Concrètement, quels outils sont mis en place ?
« Ce n’est pas simplement un audit énergétique, c’est la mise en place plus large d’un principe organisationnel et structurel : tout ce qui concourt à la performance énergétique doit suivre le même but et la même cohérence. Concrètement, c’est se demander : ‘‘comment je m’organise en interne pour avoir les bonnes données autour de l’énergie pour en faire les bonnes analyses, comment je fais en sorte que mes équipes soient formées pour appliquer les procédures définies, comment je définis ces procédures (date où l’on allume/éteint le chauffage…), quels impacts va avoir tel projet sur ma consommation énergétique’’… », détaille Eddy Poitrat.
Quels intérêts pour les collectivités ?
« Le SME nous questionne sur nos objectifs, nos fondamentaux. Il instaure une logique d’amélioration continue et nous pousse plus loin dans nos objectifs. Il permet de comparer les résultats attendus d’un projet et ses impacts réels. Le fait de pouvoir partager cela avec les autres collectivités lancées dans l’expérimentation est aussi intéressant. La mutualisation est indispensable », précise Laurent Fussien, directeur général des services de Malaunay. Les huit collectivités ne visent pas forcément la certification ISO 50 001, coûteuse, mais l’ont néanmoins, pour certaines, en tête.
Quelles difficultés pour les collectivités ?
« En général, dans les collectivités, on part de zéro sur la culture système, donc c’est la première difficulté. Les normes paraissent toujours contraignantes, il y a donc forcément un peu d’appréhension au départ, d’où l’intérêt pour l’Ademe d’expliquer en quoi le système est un levier pour être plus efficace », estime Eddy Poitrat. « Comme tout processus d’innovation et d’expérimentation, cela prend un peu de temps, mais ce n’est pas un outil qui vient s’ajouter en plus : il vient s’intégrer dans une démarche globale », rajoute Laurent Fussien.
Faut-il un profil dédié pour manager le SME ?
« C’est indispensable. À Malaunay, c’est notre chargé de mission transition énergétique qui pilote l’animation du SME, en proposant une vision d’ensemble et en travaillant avec tous les services », précise Laurent Fussien.
Retrouvez ici divers retours d’expériences de collectivités.