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En Loire-Atlantique, un développeur éolien remet les clés d’un parc au territoire
À Quilly, non loin de Nantes, BayWa r.e., qui a développé et construit un parc éolien, l’a cédé à trois actionnaires locaux et citoyens, la SEM EnR44, Énergie Partagée et la Banque des territoires.
C’est une histoire qui a commencé il y a presque vingt ans. En 2006, les développeurs et exploitants BayWa r.e. et Valorem travaillent en partenariat sur un futur parc éolien à Quilly, en Loire-Atlantique. Au bout d’une dizaine d’années, en 2015, le projet est autorisé et BayWa r.e. est désormais seul à le développer.
Mais des citoyens portent des recours contre le projet. « Pour remettre dans le contexte, ce parc est à une trentaine de kilomètres de celui de Nozay, ce qui a rendu certaines personnes très frileuses en local », explique Corentin Sivy, directeur stratégie de BayWa r.e. France. Pour rappel, à Nozay, des agriculteurs estiment que les éoliennes sont responsables de la mort et de maladies inexpliquées de leurs vaches. L’affaire a fait beaucoup de bruit et la justice a été saisie. Finalement, en 2021, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) indiquait que le lien entre le parc et la mort des bovins était « hautement improbable ».
Partenariat gagnant-gagnant
« Pour ce parc, nous avons rapidement émis l’idée de le céder au territoire une fois qu’il serait développé, pour créer un lien de confiance avec les habitants », poursuit le directeur stratégie. La SEM (société d’économie mixte) EnR44 est donc contactée. « Créée à l’initiative du Syndicat départemental d’énergie de Loire-Atlantique, la SEM est une société de droit privé, mais avec un actionnariat public. Nous travaillons sur le développement raisonné et cohérent d’énergies renouvelables sur le territoire, indique Alison Francès, directrice de la SEM EnR44. Habituellement, nous développons nous-mêmes les projets puis les exploitons, ce qui est plus intéressant économiquement parlant. Mais dans le cas de l’éolien, les délais sont très longs et il nous a donc semblé intéressant de participer à l’achat du parc. »
Participer, car la SEM EnR44 n’a pas pu y aller toute seule – l’investissement total se porte à 19 millions d’euros. Elle a fait appel à Énergie Partagée Investissement (EPI), qui collecte l’épargne citoyenne et l’investit au capital de projets d’énergie renouvelable et d’économie d’énergie. La Banque des territoires est aussi de la partie. Finalement, depuis fin 2023 (le parc a été mis en service à l’été 2023), l’actionnariat se répartit ainsi : 15 % pour la SEM, 47 % pour la Banque des territoires et 38 % pour EPI. BayWa r.e. estime que c’est un partenariat gagnant-gagnant : « Les nouveaux actionnaires arrivent sur un projet dérisqué et de notre côté, nous faisons un gain sur la vente, mais sans exploiter ensuite. Pour les élus du territoire, c’est important que la SEM EnR44 s’engage, c’est un gage de sérieux et de confiance pour les habitants », estime Corentin Sivy.
Rénovation énergétique pour les habitants
Les nouveaux actionnaires poursuivront les actions que le développeur a engagées en matière de rénovation énergétique des habitations de la commune. « Nous avons noué un partenariat avec Alisée (Association ligérienne d’information et de sensibilisation à l’énergie et l’environnement) pour financer des actions en ce sens, via une subvention de 150 000 euros. L’objectif est qu’il y ait des retombées concrètes du parc pour les habitants », indique le directeur stratégie de BayWa r.e. Ainsi, une centaine de maisons ont fait l’objet d’une étude, 45 ont été orientées vers des structures d’accompagnement pour les ménages précaires, 65 foyers ont bénéficié de thermographie de façades et 17 audits énergétiques RGE ont été financés. Une trentaine de logements ont opté pour un bouquet de travaux.
Le parc en chiffres
Trois éoliennes d’une puissance de 3 MW chacune, soit 9 MW au total. Production estimée du parc : 21 GWh/an, soit la consommation électrique de 3 150 foyers (chauffage inclus).