Initiatives
En Aquitaine, amener les plus précaires vers la rénovation énergétique
Depuis cinq ans, le fonds Dentelle du Centre régional d’éco-énergétique d’Aquitaine accompagne les ménages très précaires vers la réalisation de travaux, afin de rendre leur logement performant et sain.
Le Creaq (Centre régional d’éco-énergétique d’Aquitaine) est un acteur phare de la transition énergétique dans la région. Cette association, créée en 1998, accompagne les citoyens de son territoire dans la rénovation performante de leurs logements. « L’idée est triple : améliorer les bâtis, préserver la santé dans le logement et accompagner tous les publics », explique Nathalie Duviella, directrice du Creaq. Pour cela, le Centre a plusieurs casquettes : espace France Rénov, animations et formation de différents publics sur la précarité énergétique, pôle d’éducation environnementale pour le milieu scolaire, opérateur pour des dispositifs comme le Slime (programme du réseau Cler visant à massifier le repérage, l’orientation et l’accompagnement des ménages en situation de précarité énergétique), ou encore, avec la Caisse d’allocations familiales, afin de qualifier les logements indécents.
Problématiques de santé
« Malgré ces diverses actions, nous nous sommes rendu compte que nous n’arrivions pas à toucher certains ménages. Nous avons donc lancé en 2019 le fonds Dentelle, pour accompagner les foyers propriétaires occupants les plus fragiles, en situation de précarité énergétique, vers une démarche de travaux », poursuit la directrice. Des foyers qui avaient pu être suivis par d’autres dispositifs, mais qui n’étaient pas allés au bout de la démarche ont été (ré)orientés vers le dispositif Dentelle par d’autres structures locales.
« Les ménages Dentelle rencontrent souvent des problématiques de santé physique et/ou psychique, ainsi que de vieillissement. C’est pour cette raison qu’une partie du travail est axée sur le volet santé. » Dans un premier temps, un binôme « technico-social » accompagne les familles : un ou une technicienne qui se focalise sur les aspects énergétiques de la maison, et une conseillère en économie sociale et familiale, chargée plus particulièrement du volet budgétaire. Concrètement, le binôme prend d’abord contact avec le ménage pour expliquer la démarche et se positionne comme un tiers de confiance. « C’est la partie la plus complexe, puisqu’on arrive souvent à des moments de rupture de vie… »
Dans un second temps, en complément du binôme, la conseillère santé du Creaq intervient pour évaluer la qualité de l’air intérieur du logement et sensibiliser sur les usages, en évoquant par exemple la nocivité de certains produits ménagers. Enfin, une préconisation de travaux (un à trois scénarios) est soumise, avec autant que possible une proposition d’équipements d’énergies renouvelables (chauffe-eau solaire et/ou chauffage bois en général). « Le but étant de faire tous les travaux d’un coup, d’éviter une deuxième salve, puisque l’on sait que c’est psychologiquement difficile à gérer », ajoute Nathalie Duviella.
Élargir le financement
Pour le financement, Dentelle fait d’abord appel aux dispositifs existants (MaPrimeRénov’, Certificats d’économies d’énergie, aides territoriales), puis à d’autres tels le Fonds de solidarité pour le logement, les aides Caf et celles de la Fondation Abbé Pierre. « Parfois cela ne suffit pas et le reste à charge est trop important. C’est pourquoi nous expérimentons un partenariat avec Watt for change [fonds de dotation de Valorem, ndlr]. Si la toiture du ménage propriétaire le permet, Watt for change prend en charge l’achat et l’installation d’une centrale solaire photovoltaïque et en contrepartie, verse un loyer au ménage. Ce loyer est payé en une seule fois pour financer le reste des travaux de rénovation. » Trois toitures ont ainsi déjà été installées, avec un loyer compris entre 3 000 et 8 000 €. Depuis 2019, une vingtaine de ménages est accompagnée chaque année. Tous ne sont pas forcément allés jusqu’aux travaux et certains sont accompagnés pendant plusieurs années. Pour ce dispositif, le Creaq fonctionne quasi intégralement avec des financements privés, en dehors de Bordeaux Métropole. En effet, la plupart des financements des collectivités visent la massification de la rénovation, ce qui n’est pas l’objectif du fonds Dentelle.