Décryptage
Données énergétiques : quels usages pour les collectivités ?
La loi impose aux gestionnaires de réseaux la mise à disposition des données locales d’énergie. Objectif : adapter au mieux les documents de planification, tels les PCAET. Dans les faits, pas simple pour les collectivités de s’emparer de ces données.
Depuis 2016, les gestionnaires de réseaux doivent mettre à disposition des collectivités les données locales d’énergie pour que ces dernières puissent planifier leurs politiques énergie-climat de manière plus fine, via des diagnostics précis et des suivis d’actions entre autres. Individuelles (de consommation et de facturation), patrimoniales (inventaires, plans, cartographies…), unités de production (énergie consommée, puissance appelée…), ces données sont de nature très diverse. « Un tiers des collectivités s’est d’ores et déjà emparé du sujet, précise Charles-Antoine Gautier, directeur adjoint pour l’énergie à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). Plutôt de grandes collectivités et syndicats d’énergie, notamment ceux qui ont en leur sein un directeur des systèmes d’information ayant la compétence pour collecter et analyser les données. »
C’est le cas de la métropole de Grenoble, qui a initié une démarche open data en 2014, et un focus sur les données de l’énergie depuis trois ans. « L’objectif est de les rendre lisibles et réutilisables pour toutes les communes de la métropole, même les plus petites, pour lesquelles cela peut être plus compliqué, explique Florent Cholat, conseiller délégué chargé du numérique. Pour cela, il y a un vaste travail d’acclimatation à mener entre les services numériques et ceux dédiés à la transition énergétique pour comprendre ces données, savoir les utiliser… Nous en sommes aux prémices. »
Améliorer les performances
L’enjeu final est important, puisque l’analyse de ces données permettra aux collectivités d’améliorer la performance de leurs politiques énergétiques. « Elles pourront ainsi mieux piloter les consommations de leurs bâtiments publics, et donc réaliser des économies, mais aussi identifier les besoins en rénovation des copropriétés de leurs territoires, et ainsi lutter contre la précarité énergétique », poursuit Charles-Antoine Gautier. Pour aider les collectivités à se former à l’analyse des données, la FNCCR propose des formations en distanciel (plusieurs en décembre 2020) sur ce sujet.
Malgré la réglementation, des collectivités se trouvent confrontées à la difficulté, voire à l’impossibilité, de collecter ces données auprès des gestionnaires. Pascal Balpe, directeur des services techniques du Syndicat intercommunal d’énergie d’Indre-et-Loire, explique : « Nous bataillons pour obtenir les données auprès des gestionnaires et avons donc décidé de commencer à les produire nous-mêmes, notamment en engageant un travail sur l’éclairage public : chaque équipement est monitoré pour analyser les chutes de tension, les pics d’intensité… L’idée étant de produire un diagnostic précis pour réaliser ensuite des économies. »
Aider dans les choix énergétiques
Le Syane, Syndicat des énergies et de l’aménagement numérique de la Haute-Savoie, a quant à lui développé un outil informatique partagé avec les collectivités du territoire. Les données énergétiques y sont intégrées, le but étant de les aider à faire leurs choix – repérer les copropriétés les plus énergivores, estimer les besoins en chaleur pour développer des réseaux vertueux… – via des représentations cartographiques ou encore l’identification de la thermosensibilité des réseaux. Thibaut Irigoin, responsable données et outils SIG énergie/réseaux, précise : « Pour l’instant, nous disposons de données partielles qui ne permettent pas encore l’exploitation complète souhaitée, mais elles devraient nous être fournies au fur et à mesure par les gestionnaires de réseaux. »