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Comment accorder énergies renouvelables et patrimoine ?
Une étude réalisée par le Réseau Cler et publiée en février dernier a mis en avant cinq propositions pour accorder énergies renouvelables et patrimoine dans nos territoires. L’objectif : sortir du clivage qui oppose les deux pour un développement soutenu des énergies renouvelables en concordance avec notre paysage et notre patrimoine culturel.

Le réseau Cler, association qui œuvre pour la transition énergétique, a publié le 11 février dernier une étude intitulée Accorder énergies renouvelables et patrimoine culturel pour des territoires durables et harmonieux. Financée par l’Ademe et la Banque des territoires, elle a réuni une vingtaine d’acteurs de la transition énergétique, du patrimoine et du paysage pour partager leur expérience et dresser un état des lieux des pratiques actuelles. « Abordant la question du patrimoine uniquement au sens du patrimoine bâti et des paysages, elle s’adresse aux collectivités et à l’ensemble des acteurs des mondes du patrimoine, du paysage et de l’énergie, dans l’optique de les rapprocher et de développer un dialogue constructif entre les différentes parties », a expliqué le réseau Cler. Cinq propositions concrètes ont été exposées à la suite de ce travail.
Valoriser les réussites
D’abord, l’étude préconise une montée en compétences de tous les acteurs afin d’avancer dans la même direction. En effet, elle propose « une formation réciproque des acteurs du patrimoine sur les enjeux énergétiques, et des acteurs de l’énergie sur les enjeux patrimoniaux et la démarche paysagère ». Une bonne appréhension du sujet permettrait une montée en qualité des projets énergétiques en amont de l’instruction.
Ensuite, les projets de qualité ne sont pas assez mis en avant selon l’association. Il faut davantage valoriser les projets réussis et leurs acteurs. Plusieurs exemples de coopérations efficaces sont mis en avant dans l’étude. C’est le cas d’un parc photovoltaïque qui remplacera bientôt des cuves d’hydrocarbure à Bouchemaine dans le Maine-et-Loire. Ce projet, en plein secteur répertorié au patrimoine mondial de l’Unesco (reconnaissant la « valeur universelle exceptionnelle » de certains lieux et leur appartenance au patrimoine commun de l’humanité), a pu voir le jour grâce à la collaboration entre acteurs du patrimoine et porteurs du projet pour réfléchir à l’intégration paysagère du parc.
Moyens humains
Un des points cruciaux mis en avant par le réseau Cler est le manque de moyens humains et financiers. « Les acteurs du patrimoine et du paysage, en particulier les architectes des Bâtiments de France (ABF) et les paysagistes conseils de l’État, ont besoin de temps pour s’impliquer dès l’amont d’un projet d’énergie renouvelable. Cette étape est nécessaire pour […] éviter alors d’instruire un dossier pour lequel la plupart des décisions ont déjà été prises », selon l’étude. Une des propositions porte ainsi sur la nécessaire augmentation des moyens humains du côté des services instructeurs et des collectivités locales.
L’étude déplore également un manque de cohérence dans les politiques publiques de l’État relatives au déploiement des énergies renouvelables, à la préservation du patrimoine et au paysage. « Le cadre national doit être clair afin de fluidifier l’ensemble de la chaîne d’intervention des acteurs », préconise-t-elle. Dans ce même registre, les acteurs de la transition énergétique, du patrimoine et du paysage ayant pris part à l’étude ont souhaité « porter un plaidoyer commun ». Dans le contexte de réduction des dépenses publiques, ils insistent sur l’extrême nécessité d’augmenter les moyens, qu’ils soient humains ou financiers, afin de construire ensemble des solutions durables. En effet, selon eux, ceci est indispensable pour mener une transition désirable avec des paysages de qualité.