Portrait
Christian Mariani : ambassadeur du solaire thermique en Corse
À trente-cinq ans à peine, Christian Mariani a déjà à son actif une reconversion professionnelle de taille, du sport automobile aux énergies renouvelables. Portrait.
Cet ingénieur automobile, sorti de l’École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (Estaca) à Levallois-Perret en 2004, a d’abord fait ses classes dans le milieu des rallyes en France, en Belgique et aux États-Unis, avant de retourner sur son île de Beauté natale pour développer les EnR. Là, il suit un mastère Énergies renouvelables et leurs moyens de production à l’École nationale supérieure d’arts et métiers (Ensam) à Bastia et crée, dès l’obtention de son diplôme en 2007, Altern’Eco, un bureau d’études techniques spécialisé dans les EnR et la maîtrise de l’énergie.
Des débuts difficiles
« On sentait l’industrie automobile moins vaillante à cette époque, affirme Christian Mariani, et je voyais plus de potentialités en Corse sur la question des énergies, que la Région souhaitait développer. » Cette dernière a d’ailleurs financé son troisième cycle. Mais les débuts sont difficiles. « Il fallait expliquer aux particuliers les potentielles économies sur la consommation d’énergie, sur la base d’études de viabilité qui n’étaient pas obligatoires à l’époque. Ce n’était pas dans la culture, encore moins en Corse. »
Une reprise en main énergétique
C’est alors qu’en 2010, la Région décide d’étoffer ses équipes sur la maîtrise de l’énergie et les EnR, en passant de deux à seize spécialistes. « La Région a été novatrice, concède l’ingénieur, à un moment où il y a eu un grand engouement pour le photovoltaïque au sol. Nous sommes en zone non interconnectée, il a fallu définir des secteurs de développement pour l’éolien et le solaire, imposer des permis de construire pour les centrales au sol, évaluer les projets selon des grilles multicritères, etc. » Ayant subi un black-out énergétique pendant l’hiver 2005, l’île vit alors une « véritable reprise en main énergétique », raconte Christian Mariani, qui vend ses parts d’Altern’Eco pour entrer à l’Agence d’urbanisme et d’aménagement de la Corse en 2010, en tant que chargé d’affaires, responsable notamment de la filière bois-énergie.
Le thermique à la traîne
Aujourd’hui responsable de l’Unité énergie, il se consacre au solaire thermique, au côté d’un ingénieur chargé des énergies électriques. Un solaire thermique qui a bien besoin d’un coup de pouce. « Nous sommes à l’image du marché européen et national, rappelle-t-il, sans pour autant que cela le rassure. Le photovoltaïque a été générateur de placements financiers beaucoup plus rentables que le thermique, et la réglementation thermique (RT) 2012 a joué en sa défaveur. Ajoutez à cela des entreprises qui ont – comme sur le continent – pratiqué des escroqueries au crédit d’impôt, notamment dans la région ajaccienne, où l’image du solaire thermique est encore actuellement très dégradée. » Résultat : alors qu’environ 400 projets d’installation solaire thermique voyaient le jour entre 2007 et 2011, ils sont passés à moins de 100 aujourd’hui.