Portrait
Bruno Bethenod, un maire rural au service de la transition écologique
Le président de l’association des maires ruraux de Côte-d’Or défend la complémentarité entre communes et département pour mener à bien des projets au service de la transition écologique. Le territoire travaille notamment au déploiement du gaz vert.
Bruno Bethenod est maire d’Arceau, petite commune de 1 000 habitants, et président de l’Association des maires ruraux de Côte-d’Or (AMRF21). Il fait partie des édiles qui ont participé en 2022 au Grand atelier des maires ruraux pour la transition écologique – notamment en le déclinant sur le territoire de la Côte d’Or –, afin de réfléchir collectivement à diverses thématiques autour des transitions : sobriété et transition énergétique, biens communs et aménités rurales, ressources et leviers des communes rurales. « Nous avons le sentiment que pendant longtemps, au niveau de l’État, on a pu penser que les élus ruraux de terrain n’y connaissaient rien sur les sujets de transition écologique, explique-t-il. C’est faux, bien sûr. Simplement, nous avons besoin de travailler sur le temps long. »
Développer le gaz vert
Et pour cela, la clé, selon Bruno Bethenod, c’est notamment ce qu’il appelle le « duo d’avenir », à savoir l’alliance entre le bloc communal (la commune et/ou l’intercommunalité) et le département, qui ont tout intérêt à travailler ensemble. « Pour cela, il me semble capital de développer l’ingénierie. En Côte-d’Or, notre syndicat d’énergie, le Siceco, est doté d’une douzaine d’ingénieurs qui planchent sur ces sujets. En amont, les Générateurs Ademe apportent des conseils et permettent aux collectivités de monter en compétences. Tous les syndicats d’énergie en France ne disposent pas d’ingénieurs dédiés à la transition énergétique, donc le message que nous tentons de faire passer à nos collègues, c’est celui-là : allez voir vos syndicats, prenez-les par la main, incitez-les à embaucher », développait l’élu lors du Congrès des maires ruraux de France, en septembre 2024, incitant à retrouver du bon sens et de la simplicité.
En Côte d’Or, l’une des problématiques rencontrées par les habitants est la mobilité. Il existe assez peu de solutions de transport en commun et souvent il est nécessaire de prendre son véhicule pour se rendre au travail. Sur ce territoire, le secteur des transports est d’ailleurs le premier consommateur d’énergies. L’AMRF21, GRDF et le Siceco travaillent donc sur le projet Côte-d’Or Mobilité durable gaz. L’idée est de faire du département un territoire 100 % gaz vert en 2050 pour permettre aux habitants de se déplacer grâce au bioGNV et de se chauffer grâce au gaz renouvelable.
« Redistribuer la valeur »
D’autres partenaires – la Région Bourgogne Franche-Comté, la chambre d’agriculture, la Dreal, la CCI, des acteurs économiques… – ont rejoint la démarche et se sont engagés à faire le maximum pour déployer des infrastructures (méthaniseurs, stations…). Aujourd’hui, le département compte six méthaniseurs en service, deux autres en projet, et le biométhane couvre 3,8 % de la consommation totale de gaz. Avec les nouveaux projets, ce taux devrait passer rapidement à 15 %. « Nous souhaitons être pilotes sur ce sujet, et ainsi démontrer aux autres collectivités que cela va permettre de garder de la valeur sur le territoire et pour ses acteurs – agriculteurs, habitants… », poursuit Bruno Bethenod.
Le territoire, conscient des difficultés de raccordement que peuvent rencontrer certains méthaniseurs, réfléchit à développer le « gaz porté » : des camions viendraient récupérer la production de petits méthaniseurs (à dimension de deux/trois exploitations). Pour investir dans les projets biogaz, une société d’économie mixte locale (Côte-d’Or Énergies) a été créée par le Siceco. « Elle investit aussi dans le photovoltaïque, l’éolien et l’hydroélectricité, avec toujours cette idée en tête de redistribuer de la valeur aux habitants », conclut Bruno Bethenod.