Bientôt une production d’hydrogène vert en Bretagne

Il y a 2 ans, était inauguré en France le premier site de production d’hydrogène vert. Bouin, en Vendée, dont l’électrolyseur est connecté à un parc éolien voisin, affiche une puissance installée de 1 MW, et va passer à 2,5 MW en 2024, soit 300 kg d’hydrogène produit par jour actuellement et 1 tonne par jour en 2024. Le site, créé par la société Lhyfe, approvisionne des stations hydrogène et bus de collectivités des Pays-de-la-Loire, ainsi qu’une base logistique de Lidl, pour une flotte de chariots élévateurs.

Vision suprarégionale

C’est pour décliner ce concept, mais cette fois avec une vision suprarégionale, que Lhyfe a répondu à un appel à projets de l’Ademe sur les « Écosystèmes territoriaux hydrogène ». Le projet Vallée Hydrogène Grand Ouest (VHyGO) fait partie des lauréats. La première étape de cette vallée ? Un site de production à Buléon, dans le Morbihan, dont les premiers travaux ont commencé en février, et qui sera mis en service au second semestre 2023. « Nous avons travaillé pour cela avec notamment deux partenaires, Lorient Agglomération et Morbihan énergies (EPCI regroupant les 261 communes du département, ndlr) pour bâtir un écosystème, relate Ghislain Robert, directeur commercial France de Lhyfe. Nous sommes développeurs, mais ne pouvons pas mener à bien ce type de projets sans les collectivités ou industriels du territoire. En l’occurrence, Lorient Agglomération est un territoire très impliqué sur la transition, avec une vision et une feuille de route ambitieuse sur la décarbonation de ses transports en commun. » À l’automne prochain, sept premiers bus hydrogène circuleront dans l’agglomération de Lorient et seront avitaillés par l’unité de production d’hydrogène de Buléon. Deux stations d’avitaillement seront ainsi alimentées pour à terme fournir de l’énergie à 19 bus et 2 bateaux de transport de passagers de l’agglomération.

Circuit-court

Le site de Buléon pourra produire jusqu’à 2 tonnes d’hydrogène vert et renouvelable par jour, grâce à un électrolyseur d’une puissance de 5 MW. Contrairement à celui de Vendée, il n’est pas relié directement à un parc éolien, mais Lhyfe garantit la provenance d’électricité renouvelable via la signature de contrat de vente directe d’électricité (power purchase agreement ou PPA) avec des producteurs d’énergie renouvelable. Un parc éolien jouxte d’ailleurs le site et Lhyfe est en train de discuter avec son exploitant pour alimenter le site sur le long terme.
« Buléon est très bien situé, au centre de la Bretagne. Nous sommes aujourd’hui en relation avec d’autres collectivités et des industriels qui sont intéressés pour décarboner certaines flottes de véhicules. On sent bien que l’acceptabilité de la solution est de plus en plus importante et que les acteurs du territoire ont envie de se lancer. Le fait de proposer une production d’hydrogène vert sur le territoire va entraîner des réflexions sur les usages possibles », poursuit le directeur commercial. Lhyfe travaille dans une logique de circuit-court, avec l’objectif d’approvisionner des sites dans un rayon de 150 kilomètres autour de l’usine, ce qui permet de réduire les coûts de transport.

Trouver ses héros verts

Dans une idée plus globale de développer la filière, Lhyfe a travaillé avec l’Université Bretagne Sud à Brest pour proposer une nouvelle formation d’ingénieur énergies renouvelables, dans laquelle l’hydrogène occupe une part importante. « Nous avons aussi lancé la plateforme Lhyfe Heroes, un outil qui vise à regrouper les acteurs identifiés autour de l’hydrogène, à construire avec les collectivités un écosystème, et à faire le lien avec des acteurs privés ne savant pas par où commencer », détaille Ghislain Robert. Un autre site, bâti sur le modèle de celui de Buléon, sortira de terre d’ici fin 2023 en Occitanie.