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Baromètre 2021 de l’électricité renouvelable : un retard qui frise le décrochage
À l’heure de graves tensions internationales, l’indépendance énergétique du pays est sur toutes les lèvres. Les énergies renouvelables y contribuent sans conteste, au-delà des réponses qu’elles apportent en termes de lutte contre le changement climatique. Le 12e Baromètre des énergies renouvelables électriques en France arrive à point nommé pour mesurer leur contribution. Éclairage avec Frédéric Tuillé, responsable des études chez Observ’ER, éditeur de l’ouvrage.
L’éolien pas assez planifié
Environ 1 GW a été ajouté à la production d’électricité éolienne cette année, portant la puissance totale raccordée à moins de 19 GW, qui assurent seulement 8 % de la consommation nationale. Pour atteindre ses objectifs (24,1 GW à fin 2023), le pays devra plus que doubler la capacité annuelle installée. « On en est loin, constate Frédéric Tuillé, responsable des études chez Observ’ER et la lenteur avec laquelle les projets éoliens sortent de terre n’est pas pour rassurer. On manque de planification territoriale sur ce sujet, c’est du coup par coup. »
Le solaire au zénith
Côté solaire, Frédéric Tuillé regrette que les opérateurs s’orientent de plus en plus vers les centrales au sol, alors que le potentiel en toiture est sous-exploité, au risque de se voir contestés localement comme cela se produit dans l’éolien. Cependant, la dynamique est là, avec plus de 2,5 GW de puissance installée supplémentaire en un an, alors que le rythme de progression stagnait depuis dix ans. « Mais avec 14 GW installés au total fin 2021, on est loin des 20,1 GW prévus fin 2023 et 35,1 fin 2028 », relativise-t-il. Cependant, les indicateurs sont au vert : les grandes installations frôlent le millier de mégawatts supplémentaires raccordés – un record, qui correspond peut-être seulement à un rattrapage, après les déprogrammations liées à la crise sanitaire en 2020. Le résidentiel a plus que doublé son volume par rapport à l’année précédente (142 contre 69 MW) et l’autoconsommation augmente de 2,5 points sa part dans la puissance totale installée (6,5 % soit un peu plus de 800 MW). Une dynamique à surveiller, alors que l’année 2021 a été marquée par une hausse sensible du prix des modules solaires et que plusieurs projets industriels sont en stand-by. Malgré de très nets progrès en 2021, essentiellement liés au photovoltaïque au sol, notre retard frise le décrochage. « Depuis quinze ans, la France a raté les objectifs qu’elle s’est elle-même fixés dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), manquant également ceux fixés par l’Union européenne, rappelle Frédéric Tuillé. Alors que 27 % de la consommation d’électricité devait être assurée par des énergies renouvelables fin 2020, ce taux n’est que de 24,8 % fin 2021. »
=> Le baromètre est disponible en ligne sur le site d’Observ’ER et de la FNCCR, partenaire de la publication, tout comme l’Ademe.
Les régions à la loupe
Le baromètre propose également un panorama des filières renouvelables électriques par régions. Les plus productives sont dominées par l’hydraulique (Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie), suivies par les Hauts-de-France et le Grand-Est, où l’éolien a la part belle. La Nouvelle-Aquitaine fait une percée en 2021 entre ces deux dernières, avec un parc plutôt photovoltaïque, mais plus équilibré.