À Brest métropole, le photovoltaïque en circuit court

À Brest et dans ses environs, il y a de savoureuses crêpes et galettes, et la mer d’Iroise bleu turquoise, mais il manque un peu de soleil… « Il est compliqué pour nos projets d’être lauréats des appels d’offres photovoltaïques de la Commission de régulation de l’énergie, nous réfléchissons donc déjà depuis longtemps à des alternatives pour valoriser la production d’énergies renouvelables », résume Romain Le Marec, responsable de projet Énergies renouvelables chez Sotraval, société publique locale. « Notre mission d’origine est de valoriser les déchets des neuf EPCI actionnaires du nord du Finistère (144 communes). L’objet social de la société a ensuite évolué pour se positionner également comme opérateur dans le domaine des énergies renouvelables. »

Autoconsommation territoriale

Ainsi, dès 2016, des premières réflexions émergent sur le fait de produire de l’électricité solaire et de valoriser la production en circuit court. « Puis, de 2017 à 2021, nous avons fait des études. Nous avons notamment effectué de nombreuses modélisations sur les consommations réelles des bâtiments publics et des sites déjà équipés en photovoltaïque en vente totale, et nous nous sommes rendu compte que cela serait pertinent de faire des liens financiers entre sites de production et de consommation, poursuit Romain Le Marec. C’est ainsi que nous avons lancé le projet CcaVerSol (Circuit court d’achat et vente d’électricité renouvelable solaire) pour installer des panneaux photovoltaïques sur des parkings et vendre la production à Brest Métropole. »

Concrètement, cinq parkings publics déjà existants de Brest et de deux communes environnantes – centre technique communautaire, parking relais, salle de spectacles… – ont été équipés de près de 8 000 m² de panneaux. « Toute l’électricité est vendue par Sotraval, propriétaire, exploitant et producteur, à Brest Métropole, via un tarif fixe sur vingt ans. » Comme un PPA (contrat de gré à gré) multisites. « On est donc là dans de l’autoconsommation territoriale, et non collective, puisqu’on s’affranchit du périmètre des 2 km fixé par la loi [qui peut aller jusqu’à 20 km par dérogation, ndlr], mais aussi de la nécessité d’avoir une personne morale organisatrice… Cela n’empêche pas par ailleurs que la collectivité a aussi des projets d’autoconsommation collective classique. »

67 €/MWh

« Sotraval s’est donc mis d’accord avec Brest Métropole sur le prix et le volume, puis la collectivité, en qualité de pilote de groupement d’achats, fait en sorte, dans le cadre de ses marchés de fournitures, que l’opérateur (remis en concurrence tous les quatre ans) qui répond aux appels d’offres intègre cette production locale au prix convenu », explicite Romain Le Marec. Le tarif a été fixé à 67 €/MWh. « Un tarif compétitif, qui a pu l’être notamment grâce au subventionnement du projet en raison de son caractère innovant. Il permet surtout à la collectivité de se prémunir de la volatilité et des fluctuations du marché de gros de l’électricité ! » Par ailleurs, dans une volonté de respecter la réglementation, un travail a porté sur la gestion des eaux pluviales : ruptures dans les rampants de l’ombrière pour favoriser l’écoulement diffus dans les terre-pleins centraux, ouvrages drainants enterrés…